mardi 14 juin 2022

Aristote et Dante plongent dans les eaux du monde - Benjamin Alire Saenz

 Aristote et Dante plongent dans les eaux du monde



informations :

Auteur : Benjamin Alire Saenz

Editeur : Pocket Jeunesse

Genre : romance lgbt

Prix :18,90€

Nombre de pages : 600 

Existe en format poche ? : non

Temps de lecture (pour moi) : 2 jours


Résumé :

Depuis qu'Ari a rencontré Dante, sa vie a basculé. Il ne cherche plus à se rendre invisible. Il ne fuit plus la compagnie des autres. Mais le souvenir de son frère emprisonné hante toujours ses nuits, son père est plus secret que jamais, et l'avenir est une terrifiante page blanche. Surtout, il ne sait que faire de ce désir envahissant qui ne lui laisse aucun répit...

Main dans la main, Aristote et Dante se tiennent prêts à affronter la violence d'un univers qui hait la différence.

Notes :

Originalité : 3/5

Addiction : 4,5/5

Personnages : 4,5/5

Plume de l’auteur : 4,5/5


Globale : 4,5/5


Mon avis :


Avant toute chose, je tenais à remercier Babelio car j’ai reçu ce roman grâce à l’opération Masse Critique, et je trouve super de laisser la possibilité à chaque lecteur de recevoir un livre gratuitement pour le critiquer même s’il n’a pas beaucoup de visibilité sur les réseaux.


Pour cette occasion, j’ai relu “Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers” dont ma chronique est déjà disponible. “Aristote et Dante plongent dans les eaux du monde” est la suite du tome sorti en 2017.


J’avais bien aimé le tome 1, mais j’avais eu du mal à accrocher avec le personnage d’Aristote qui est très solitaire, a un comportement que je ne comprenais pas beaucoup et énormément de mal à communiquer. J’ai été tellement surprise de découvrir un Aristote complètement changé ici !


L’histoire reprend juste après la fin du tome précédent. Aristote a accepté son amour pour Dante, mais maintenant il va falloir qu’il arrive à vivre avec le fait d’être gay. Il sait que le regard des autres peut être très mauvais par rapport à cela, mais il sait aussi qu’il a besoin de pouvoir compter sur des gens. Il va s’appuyer sur ses parents, les Quintana, ses nouveaux amis et évidemment Dante. Etre un adolescent est déjà pas facile, mais être un adolescent dont l’orientation sexuelle est considérée comme un crime par certaines personnes l’est encore moins.

On a un changement radical ici qui se voit beaucoup par la narration. Dans “Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers”, l’histoire était surtout à base de dialogues très courts, quasiment pas de descriptions. Ici, on a moins de dialogue, plus de texte. Et cela s’explique par le nouveau Aristote qu’on découvre.

Comme il le dit lui-même, il a grandi, dans le tome 1 c’était un gamin qui voyait tout de manière négative, pensait être mieux seul et avait l’impression que ses parents ne le comprenait pas. Mais dans cette suite, c’est devenu un homme, il réfléchit, prend conscience des autres et de leurs sentiments, et prend conscience de ses erreurs de jugement. Et là j’ai accroché avec lui. Je l’ai adoré. J’ai adoré le voir essayer de changer pour devenir une personne meilleur. Evidemment tout ne se fait pas en un seul coup, mais petit à petit il s’ouvre au monde, laisse les autres le découvrir et va à la rencontre de ces personnes qui tiennent à lui. Ici ce n’est plus seulement Aristote et Dante; c’est Aristote, Dante, leurs amis et leurs parents. On a une dynamique de groupe tellement agréable.


Au niveau de l’histoire, on n’a pas énormément d’action, c’est plus de la réflexion sur l’adolescence, sur l’amitié, sur l’homosexualité, sur les parents. Aristote et Dante s’aiment, mais ils ne peuvent pas le montrer car le regard des gens serait trop dur. Déjà qu’aujourd’hui quand tu es homosexuel tu peux te faire tabasser, alors dans les années 80 les mentalités étaient encore pires. On a également le sujet du sida qui est énormément abordé, car c’est dans cette période là qu’il est apparu, et d’abord chez les homosexuels ce qui a accentué le rejet envers eux.

Je regrette juste que certains passages ne me paraissaient pas du tout réalistes, notamment plusieurs qui se déroulaient au lycée.


En conclusion, une suite que l’auteur n’avait pas prévu au début mais qui finalement m’a fait accroché énormément avec Aristote qui devient mature et ouvert aux autres. Un roman avec plus de réflexion. Le style d’écriture est très poétique.






Quelques citations du roman :


“Partout où j’allais, les gens avaient un avis sur l’amour. Les mères, les pères, les professeurs, les chanteurs, les poètes, les écrivains, les amis. C’était comme l’air. Comme l’océan. Comme le soleil. Comme les feuilles d’un arbre en été. Comme la pluie après la sécheresse. C’était le chant délicat d’une rivière. Et le fracas des vagues contre le rivage un jour de tempête. L’amour était la cause de toutes nos batailles. L’amour était notre raison de vivre et de mourir. L’amour était au cœur des rêves qui peuplaient nos nuits. L’amour, c’était l’air que nous respirions à notre réveil. La torche qui illuminait notre voyage à travers les ténèbres. L’amour nous permettait de quitter notre terre d’exil pour rejoindre le pays des autres hommes.”


“- Maman, pourquoi personne ne m’a dit que ça fait si mal d’aimer ?”


“Tout ça était si nouveau. J’avais l’impression de renaître. Vivre l’existence qui était désormais la mienne, c’était comme plonger dans l’océan après n’avoir fait que barboter dans une piscine. Il n’y a jamais de tempête dans une piscine.”


“Oui, bien sûr que les mots permettent de se comprendre. Mais ils peuvent aussi faire tout le contraire. Les mots ne sont pas parfaits.”


“Ma mère, c’est une femme forte, fantastique et courageuse. Si mon amour pour toi doit faire de ma vie un combat, alors j’ai une sacrée veine de pouvoir partir à la guerre à  ses côtés.”


“- Les enterrements, ça compte plus que les mariages. Les gens ne se souviendront pas que tu es venu au mariage de leur fils, mais si tu n’assistes pas à l’enterrement de leur mère, ça ils ne l’oublieront pas. Ils seront profondément blessés que tu ne te sois pas tenu à leur côté au moment où ils en avaient le plus besoin. Et puis, les funérailles ne servent pas seulement à pleurer les mots ; elles visent aussi à célébrer leur vie.”


“Chaque être humain - chacun d’entre nous - est comme un pays. Il peut choisir de s’entourer de murs pour maintenir les autres à distance, ne jamais les laisser entrer, ne jamais laisser personne admirer les trésors qu’il cache en lui. Derrière ces murs, il mènera une vie malheureuse et solitaire. Mais il peut aussi choisir de distribuer des visas, de permettre aux autres de visiter son pays pour découvrir toutes ses richesses. Nul ne devrait dissimuler sa douleur et le courage dont il fait preuve pour survivre. Laisser les autres entrer en soi, les laisser découvrir son pays, c’est la clé du bonheur.”


“- Parfois, t’aimer me rend malheureux. Et parfois, t’aimer me rend très, très heureux.”


“- Je ne suis pas un loisir.

- Exact. Un mec comme toi, c’est du boulot.

- Faux. Pour ton information, j’appartiens à la catégorie des plaisirs.”


“Les amis, c’est comme ça. Ils sont tous différents. Et chacun d’entre eux sait quelque chose que les autres ignorent. Sans doute que ce secret qu’on partage avec chacun, c’est l’essence même de l’amitié.”


“Parfois, les mots prenaient beaucoup de place. Je me demandais s’ils ne privaient pas le monde d’un trop d’oxygène.”


“Le bonheur. Le chagrin. Les sentiments sont instables. La tristesse, la joie, la colère, l’amour. Comme l’univers s’y est t-il pris pour inventer ces émotions et les déposer dans le cœur des humains ?”


“Les filles ont un truc que les mecs n’ont pas - et qu’ils n’auront jamais. Elles sont géniales. Peut-être qu’un jour, au lieu de chercher sans cesse à prouver qu’ils sont de vrais durs à cuir, les mecs finiront par s'intéresser à l’attitude des femmes, et peut-être même par se comporter un peu plus comme elles. Wahou, ça, ça serait incroyable.”


“Il m’a embrassé et je l’ai embrassé à mon tour. Que l’univers nous voie. Que le ciel nous voie. Que les nuages qui défilent nous voient. Il m’a embrassé. Que les plantes du désert nous voient. Que les saules du désert, les montagnes au loin, les lézards, les serpents et les oiseaux du désert nous voient. Je l’ai embrassé Que le sable du désert nous voie. Que vienne la nuit ; que les étoiles puissent voir ces deux jeunes hommes qui s’embrassent.”


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