vendredi 25 mars 2022

Le ciel est partout - Jandy Nelson

 Le ciel est partout


informations :

Autrice : Jandy Nelson

Editeur : Gallimard Jeunesse

Prix : 11,90€ / 7,75€ 

Nombre de pages : 415

Existe en format poche ? : oui

Temps de lecture (pour moi) : 2 jours


Résumé :

"Je suis censée pleurer la mort de ma soeur, pas tomber amoureuse..." Comment Lennie peut-elle continuer à vivre après une telle tragédie ? A-t-elle encore le droit de plaire et de désirer ? D'être heureuse, de rire ? Parfois, il faut tout perdre pour se trouver.... Un hymne à l'amour, à la vie, à la musique, à la nature et à l'écriture.


Notes :

Originalité : 4/5

Addiction : 4,5/5

Personnages : 4/5

Plume de l’auteur : 4,5/5


Mon avis :

J’aime énormément la plume de Jandy Nelson, tellement que j’avais un réel besoin de relire les deux romans que je possède d’elle pour replonger dans ses histoires.


Le ciel est partout est l’histoire d’une jeune fille, Lennie, qui doit apprendre à vivre sans sa grande sœur, Bailey. Cette dernière est tragiquement décédée lors d’une répétition de théâtre d’un arrêt cardiaque. Elle avait dix-neuf ans. Elle laisse derrière elle une sœur, un petit-ami, une grand-mère et un oncle dévastés. Comment surmonter un tel événement ?


Lennie ne sait pas comment vivre sans sa sœur, son modèle, sa meilleure amie. Elle fait d’ailleurs un peu n’importe. Elle se met à avoir envie d’embrasser tous les garçons qu’elle croise, alors que jusque-là elle n’avait jamais été intéressée par ce genre de chose. 

Elle devient obsédée par ça. Surtout quand elle se met à faire des choses qu’elle regrette très rapidement. En effet, alors qu’un nouveau garçon en ville, adorable, solaire, qui vient tous les jours apporter le petit-déjeuner à sa famille, s’intéresse à elle, Lennie est sur un petit nuage. Mais comment accepter de tomber amoureuse alors que sa sœur est morte ? Comment être heureuse dans de telles circonstances ? Surtout quand, alors qu’elle sait que ce n’est pas la chose à faire, elle se met à se rapprocher très près, trop près avec le petit-ami de sa défunte sœur. Il partage sa peine, la comprend dans ce qu’elle vit.


Le spitch du roman ne va pas vraiment plus loin que ça, pourtant c’est tellement plus que cela. Ce livre parle de deuil, de se remettre de la perte d’un être cher, d’accepter d’aller de l’avant, il parle aussi d’amour, de famille,... Bref, c’est un condensé de sujets qui forment un très beau roman.


Ce que je trouve très particulier par rapport à d’autres romans qui parlent de la mort, c’est que là le personnage est déjà mort. Finalement on ne s'attarde que très peu sur elle. Pas de vrais flashbacks. C’est vraiment centré sur le deuil. Et j’ai trouvé cela très intéressant.


La seule chose avec laquelle j’aie du mal, mais en même temps c’est normal, c’est l’attirance soudaine que Lennie ressent pour le petit-ami de Bailey. J’étais mal à l’aise devant chaque scène, car évidemment cela me paraît horrible à ressentir. Mais en même temps le personnage principal le sait, c’est comme si c’était plus fort qu’elle, qu’elle avait besoin de cela pour continuer à faire vivre sa sœur. Cependant, sans ce problème, l’histoire ne serait pas aussi compliquée et aurait moins d’intérêt.


Pour le reste j’ai adoré. J’ai aimé suivre Lennie, son combat pour surmonter tout cela, ses prises de conscience, ses moments de doutes, ses moments de tristesse, mais aussi quand elle retrouve du bonheur dans des petites choses. Et ce qui est super bien, c’est que même si Lennie est le personnage principal, il y a tout plein de personnages secondaires qui sont très présents.


Je pense déjà à sa famille, Oncle Big et sa grand-mère Manou, qui forment un ensemble très étrange, chacun avec des particularités, mais qui finalement sont hyper attachants. J’avais envie de réellement les rencontrer, parce qu’ils sont imparfaits et que cela fait du bien.

On a aussi beaucoup Toby, le petit-ami de Bailey. Je me suis moins attachée à lui, mais j’avais quand même beaucoup de peine pour ce qu’il traverse. 

Aussi la meilleure amie de Lennie, Sarah, qui met du temps à apparaître, qui est très excentrique et pas forcément toujours de bon conseil, mais qui fait du bien à l’histoire.

Ensuite, on a bien évidemment les personnages principaux : Lennie, jeune fille paumée, dont je n’ai pas toujours compris les décisions, mais qui est humaine dans ses choix et réactions ce qui la rend attachante, et Joe Fontaine, un garçon qui fait du bien à tout le monde que j’ai adoré.


On pourrait aussi citer Bailey, la défunte, mais comme je l’ai dit on entend très peu parler d’elle. On en apprend sur elle à travers certains souvenirs évoqués par les personnages. Mais surtout grâce aux poèmes que Lennie sème partout, sur des bouts de papiers, des pages de cahier, sur des arbres… où elle parle beaucoup de sa sœur. J’ai adoré cette idée de poèmes éphémères, perdus dans la nature. Bailey est juste le lien entre tous les personnages. 


On entend aussi parler de la mère de Bailey et Lennie qui les a abandonnées, c’est un sujet souvent abordé dans le livre et j’ai apprécié découvrir comment ces deux petites filles ont appris à vivre avec l’absence de leur mère.


Il n’y a pas vraiment d’action dans ce roman, on suit notre personnage dans son processus de deuil, dans ses choix, ses erreurs,... On entend parler de musique, de romances classiques, de peinture, de poésie,... Beaucoup d’art, comme dans l’autre roman de Jandy Nelson “Le soleil est pour toi”.


L’écriture est très poétique, douce et se lit sans difficulté. Je pense que c’est un style d’écriture qui soit plait à fond, soit ne convainc pas du tout le lecteur, pour ma part c’est clairement la première option. Je trouve que ce genre de roman, sans vraiment d’action, sans romance poussée, fait aussi du bien parce ce qu’on se concentre sur les autres sujets, très proches de la réalité et qui font réfléchir.


En conclusion, un roman très beau, qui parle de deuil, d’amour, de famille. Une écriture poétique, un récit sans action mais qui se laisse lire en nous faisant nous attacher aux personnages et à leur histoire. 


La meilleure manière de vous motiver à le lire est peut-être de vous proposer quelques citations tirées du roman : 


“Le deuil est comme une maison

où les chaises

auraient oublié comment nous porter

les miroirs comment nous réfléchir

les murs comment nous soutenir

Le deuil est comme comme une maison qui disparaît

chaque fois qu’on frappe à la porte

ou qu’on presse la sonnette

une maison qui se volatilise 

dès le premier souffle de vent

et s’enfouit en profondeur sous la terre

pendant que tout le monde dort

Le deuil est comme une maison où nul 

ne peut vous protéger 

où la plus jeune des deux soeurs

deviendra plus vieille que son aînée 

où les portes

ne nous laissent plus ni entrer

ni sortir”


“- Si on ne s’arrête pas, je crois que l’univers va imploser”


“Un être qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle”.


“- Tu sais, je joue uniquement les nazes pour t’entendre dire quel naze.


“Il n’a pas besoin de le dire, je le sens aussi ; ça n’a rien de discret - plutôt comme si toutes les cloches sur des kilomètres et des kilomètres à la ronde s’étaient mises à sonner en même temps, de grosses cloches bruyantes, assourdissantes et voraces, mais aussi de petits carillons joyeux et tintinnabulants, et tous de se déchaîner en même temps.”


“Dans.

Ce.

Monde.

Personne.

N’est

A.

L’abri.”


“Des gens meurent, tout le temps. Tous les jours. Toutes les heures. Le monde entier est rempli de familles fixant du regard des lits dans lesquels plus personne n’utilise. De familles qui n’ont désormais plus à acheter telle boîte de céréales, telle marque de shampoing. Partout des gens  font la queue au cinéma, achètent des rideaux ou promènent leur chien alors qu’en dedans, ils ont le cœur en miettes. Pendant des années. Pendant le restant de leur vie. Je ne crois pas que le temps guérisse les blessures.”


“Et je commence tout juste à comprendre que je suis peut-être l’auteur de mon histoire, mais que tout le monde est également l’auteur de la sienne et que parfois, comme en cet instant, les histoires ne cadrent pas.”



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